Quels mécanismes institutionnels pour mieux équilibrer les besoins primaires et supérieurs dans l’action publique au Maroc ?
Quels mécanismes institutionnels pour mieux équilibrer les besoins primaires et supérieurs dans l’action publique au Maroc ?
🕞🕞📚📚🕞🕞 15 minutes
MESSAOUDI ABDELKARIM
inventhinklearning@gmail.com
Imaginez une balance : d’un côté, les besoins primaires 🥜🍞💒 – manger, boire, se loger, se soigner – et de l’autre, les besoins supérieurs – 📚🌅s’éduquer, s’épanouir, participer à la vie culturelle ou politique.
Au Maroc🇲🇦, comme ailleurs, l’action publique tente de maintenir cette balance en équilibre, mais elle tangue souvent. Pourquoi ? Parce que les ressources sont limitées, les attentes des citoyens croissantes, et les institutions parfois mal équipées pour répondre à cette double exigence. Dans cet article, je vous emmène dans une exploration des mécanismes institutionnels qui pourraient permettre au Maroc de mieux satisfaire ces besoins, en m’appuyant sur des théories académiques, des données récentes et des exemples concrets. Prêt à plonger dans cette réflexion avec moi ? 😊
1.Les besoins humains : une hiérarchie complexe
Pour comprendre comment équilibrer les besoins primaires et supérieurs, commençons par poser les bases. Abraham Maslow, dans sa célèbre pyramide des besoins⚠️ (1943), place les besoins physiologiques (nourriture, eau, abri) à la base, suivis par la sécurité, l’appartenance, l’estime, et enfin l’accomplissement de soi. Si cette théorie est séduisante,📍📍 elle a ses limites : les besoins ne sont pas toujours hiérarchisés aussi nettement.📍📍 Par exemple, un agriculteur dans le Souss-Massa peut lutter pour accéder à l’eau potable (besoin primaire) tout en aspirant à envoyer ses enfants à l’université (besoin supérieur). L’action publique doit donc jongler entre ces dimensions, souvent en tension.
Au Maroc, les besoins primaires restent une priorité. Selon le Haut-Commissariat au Plan (HCP), en 2014, 4,8 % de la population vivait sous le seuil de pauvreté monétaire,💵💵🚨 et 22,6 % dans la région de Marrakech-Safi souffraient de pauvreté multidimensionnelle, incluant le manque d’accès à l’eau, à l’éducation ou à la santé.
Mais les besoins supérieurs gagnent du terrain : 43 % des ménages marocains expriment une insatisfaction générale vis-à-vis de leurs conditions de vie, même lorsque leurs besoins de base sont couverts. Ce 🚨🚨« paradoxe de Tocqueville »🚨🚨 comme le nomment Benmimoun et Soudi (2021), montre que l’amélioration des conditions matérielles peut accroître les attentes en matière de qualité de vie, d’éducation ou de participation citoyenne. Comment, alors, les institutions publiques peuvent-elles répondre à ce double défi ?
2.Les défis actuels de l’action publique marocaine 🇲🇦🗿
Avant de proposer des solutions, regardons les obstacles. L’administration marocaine, héritière d’une structure « Ancienne modèle» pyramidale, est souvent critiquée pour sa centralisation et son manque de flexibilité. Selon l'analyse de la banque mondiale relative a la gouvernance publique au Maroc (2021), cette structure bloque la perméabilité au changement, rendant difficile l’adaptation des politiques publiques aux besoins locaux. 🧠🧠Par exemple, un programme national d’accès à l’eau potable peut être efficace à Casablanca, mais inadapté à un village reculé de Tinghir, où les infrastructures manquent.
Un autre défi est l’inefficacité des investissements publics 💵🚨. Bank Al-Maghrib (2024) estime que 34 % des ressources publiques investies chaque année sont « gaspillées » en raison de lacunes dans la sélection, la conception et le suivi des projets. Cela limite la capacité de l’État à financer à la fois les infrastructures de base (routes, hôpitaux) et les initiatives favorisant les besoins supérieurs (éducation de qualité, accès à la culture). Enfin,📈💸 la faible culture de l’évaluation des politiques publiques,📈💸 soulignée par Harakat (2018), complique l’identification des priorités et l’ajustement des stratégies.
C’est un peu comme si l’État marocain était un chef cuisinier débordé, essayant de préparer un couscous pour 37 millions de personnes avec des ingrédients mal mesurés et une recette floue. Résultat ? Certains plats sont brûlés, d’autres à peine cuits. Alors, comment mieux organiser cette cuisine institutionnelle ? 🍲
3.Mécanismes institutionnels pour un meilleur équilibre
Pour répondre à cette question, je propose quatre mécanismes institutionnels, ancrés dans des théories académiques et adaptés au contexte marocain. Chacun vise à renforcer la capacité de l’action publique à satisfaire à la fois les besoins primaires et supérieurs.
3.1. Décentralisation et régionalisation avancée🇲🇦
La décentralisation est un levier clé pour aligner les politiques publiques sur les besoins locaux. La réforme constitutionnelle de 2011 a ouvert la voie à une régionalisation avancée, donnant plus de pouvoir aux régions via les Académies Régionales d’Éducation et de Formation (AREF) ou les Centres Régionaux d’Investissement. Par exemple, les AREF adaptent 30 % des programmes éducatifs aux spécificités régionales, ce qui permet de répondre à des besoins supérieurs comme l’éducation tout en tenant compte des réalités locales.
Mais cette décentralisation reste inégale. Dans une étude de 2024, la 🚨🚨🚨Cour des Comptes pointe des faiblesses dans la coordination intersectorielle et le manque de moyens financiers délégués aux régions🚨🚨🚨. Pour aller plus loin, le Maroc pourrait s’inspirer du modèle de gouvernance participative de Porto Alegre, au Brésil, où les citoyens participent directement à l’élaboration des budgets municipaux.
Au Maroc, des « 💵💵budgets participatifs régionaux 💸💸» pourraient permettre aux habitants de prioriser, par exemple, l’installation de points d’eau (besoin primaire) ou la construction de centres culturels (besoin supérieur). Cela renforcerait la légitimité des institutions et la satisfaction des citoyens.
3.2. Partenariats public-privé (PPP) pour financer les besoins
Les PPP sont un outil puissant pour mobiliser des ressources financières et techniques. Au Maroc, ils ont été utilisés avec succès dans des projets d’infrastructure, comme l’autoroute Casablanca-Rabat. Une étude de 2023 (Theses.fr) souligne que les PPP pourraient être la « pierre angulaire » pour financer les services publics tout en intégrant des principes de démocratie participative. Par exemple, un PPP dans le secteur de l’eau pourrait garantir l’accès à l’eau potable dans les zones rurales (besoin primaire) tout en finançant des programmes de sensibilisation à l’environnement (besoin supérieur).
Cependant, les PPP nécessitent un cadre institutionnel solide pour éviter les dérives, comme la priorisation des profits sur les besoins sociaux ( Corruption). Le Maroc pourrait créer une agence nationale de régulation des PPP, inspirée de la Public-Private Partnership Authority du Kenya, pour encadrer ces partenariats et garantir leur alignement avec les priorités publiques.
3.3. Évaluation systématique des politiques publiques
L’évaluation des politiques publiques est essentielle pour mesurer leur impact et ajuster les priorités. Le Ministère de l’Investissement, de la Convergence et de l’Évaluation des Politiques Publiques (MICEPP), créé en 2022, marque un pas en avant. Selon LesEco.ma (2024), le MICEPP développe un système national de monitoring avec des indicateurs de performance et des tableaux de bord. Cela permet, par exemple, de vérifier si un programme de logements sociaux répond effectivement aux besoins primaires (abri) tout en favorisant l’intégration sociale (besoin supérieur).
Pour renforcer ce mécanisme, le Maroc pourrait adopter une approche basée sur la théorie de l’évaluation orientée vers les résultats 🛑📈📈(Result-Based Evaluation), proposée par Stufflebeam (2001)🛑📈📈. Cette méthode évalue non seulement les outputs (nombre de maisons construites) mais aussi les outcomes (amélioration du bien-être des habitants). Des comités citoyens pourraient également être impliqués dans le suivi, comme dans le modèle de « redevabilité sociale » promu par UN Women au Maroc (2023), pour garantir que les politiques répondent aux attentes réelles.
3.4. Renforcement de la redevabilité sociale
La redevabilité sociale, c’est l’idée que les institutions doivent rendre des comptes aux citoyens. Au Maroc, des initiatives comme le programme de bénévolat de la Fondation Lalla Salma (2012) montrent comment la société civile peut collaborer avec les institutions pour répondre aux besoins, comme l’accompagnement des enfants atteints de cancer (besoin primaire et supérieur). Mais cette redevabilité reste limitée par la faible institutionnalisation des mécanismes participatifs.
Une solution serait de généraliser les « coordinations locales », des collectifs citoyens qui, selon Cairn.info (2012), jouent un rôle clé dans la mobilisation pour des besoins spécifiques, comme l’accès à l’eau à Imider. En institutionnalisant ces coordinations via des plateformes numériques, comme le portail TANMIA.MA, le Maroc pourrait créer un dialogue permanent entre citoyens et décideurs. Cela rappellerait le modèle de « démocratie délibérative » de Habermas (1996), où les citoyens influencent directement les politiques publiques.
-Un exemple concret : l’électrification rurale
Prenons un cas concret pour illustrer ces mécanismes : le Programme d’Électrification Rurale Global (PERG). Lancé en 1995, il a permis d’électrifier 99,6 % des zones rurales en 2019, répondant à un besoin primaire (accès à l’électricité). Mais il a aussi eu des effets sur les besoins supérieurs : les enfants peuvent étudier le soir, et les femmes accèdent à des appareils électroménagers, libérant du temps pour des activités éducatives ou économiques.
Ce succès repose sur une combinaison de décentralisation (coordination avec les communes), de PPP (financement par l’Office National de l’Électricité) et d’évaluation continue. Cependant, des régions comme Guelmim-Oued Noun restent en retard, avec un taux d’électrification inférieur à la moyenne nationale. En appliquant les mécanismes proposés – budgets participatifs, régulation des PPP, monitoring renforcé, et redevabilité sociale –, le Maroc pourrait combler ces écarts et maximiser l’impact du programme.
4.Obstacles à anticiper
Rien n’est simple, et ces mécanismes ne sont pas des baguettes magiques. La décentralisation peut accentuer les inégalités si les régions les plus pauvres reçoivent moins de fonds. Les PPP risquent de favoriser les projets rentables au détriment des zones reculées. L’évaluation des politiques peut être entravée par un manque de données fiables, et la redevabilité sociale dépend de la volonté politique d’écouter les citoyens. Comme le dit l’adage marocain, « l’eau est dans le puits, mais il faut une corde solide pour la remonter. » Les institutions doivent être cette corde, robuste et bien ancrée.
5.Vers une action publique plus équilibrée
Le Maroc 👀🇲🇦est à un tournant. Avec des investissements publics atteignant 31,5 % du PIB et une volonté affichée de moderniser l’action publique, le potentiel est là. En combinant décentralisation, PPP, évaluation rigoureuse et redevabilité sociale, l’État peut non seulement répondre aux besoins primaires – eau, santé, logement – mais aussi nourrir les aspirations supérieures – éducation, culture, participation. C’est un peu comme construire une maison : les fondations (besoins primaires) doivent être solides, mais sans toit ni fenêtres (besoins supérieurs), elle reste incomplète.
Et vous, que pensez-vous de ces mécanismes ? Avez-vous des idées ou des expériences à partager sur la manière dont le Maroc pourrait mieux répondre aux besoins de ses citoyens ?
🧠📚📚Résumé🧠📚📚
Cet article explore les mécanismes institutionnels permettant au Maroc de mieux équilibrer la satisfaction des besoins primaires (nourriture, eau, santé) et supérieurs (éducation, culture, participation) dans l’action publique. En s’appuyant sur la pyramide de Maslow et des études récentes, il identifie quatre leviers : la décentralisation, les partenariats public-privé, l’évaluation systématique des politiques, et la redevabilité sociale. Illustré par le cas de l’électrification rurale, l’article souligne les succès et les défis, proposant des solutions concrètes pour une action publique plus efficace et inclusive.
#ActionPublique #Maroc #BesoinsPrimaires #BesoinsSupérieurs #Décentralisation #PPP #ÉvaluationPolitiques #RedevabilitéSociale #DéveloppementDurable
📚📚📚📚📚📚
Benmimoun, Y., & Soudi, K. (2021). Pauvreté subjective et inégalités sociales au Maroc. Recherche et Développement.
Harakat, M. (Dir.). (2018). Études d’impact et politiques publiques au Maroc. Rabat: Publications de l’Université Mohammed V.
LesEco.ma. (2024). Politiques publiques : le Maroc trace les contours d’une gouvernance publique innovante. LesEco.ma.
Maslow, A. H. (1943). A theory of human motivation. Psychological Review, 50(4), 370–396.
Rahmouni, H. (2021). La recherche de l’efficacité dans la gestion publique au Maroc. Theses.fr.
🎥YOUTUBE
https://youtube.com/@inventhinklearning?feature=shared
✍️ Blog : [Plongez dans nos analyses]
https://inventhinklearning.myteachify.com/posts
🎥 Tiktok : [Le saviez-vous ?]
https://www.tiktok.com/@inventhink_learning
📩 Substack : [Votre dose de réflexion hebdo]
https://substack.com/@inventhinklearning
🔵 Bluesky : [Échanges sans algorithmes]
https://bsky.app/profile/inventhinklearning.bsky.social
🧵 Threads : [Débats en mode léger]